Les modèles d’essaimage : Zoom sur STEP, une entreprise d’insertion de la ville de Pau

 dans Autre

SocialCOBizz a eu l’occasion de rencontrer Kenny Bertonazzi, le directeur de l’entreprise STEP. Une belle opportunité pour en apprendre plus sur la modalité d’innovation par essaimage.

Retour sur cet échange stimulant.

Une structure d’insertion dynamique, qui innove notamment par l’essaimage

En 2001, l’Entreprise d’Insertion STEP a été créée principalement autour des activités de gestion de flux documentaires. Depuis, la structure a fait bien du chemin et propose aujourd’hui une large gamme de prestations de services : solutions numériques, d’imageries et informatiques au service des entreprises et territoires. Autant d’opportunités de proposer des parcours variés aux personnes éloignées de l’emploi accompagnées par STEP. 200 postes d’insertion ont ainsi été créés depuis son lancement.

Parmi ses modalités de développement, la structure compte 3 projets d’innovations par essaimage[1] et collaboration :

-Simplon (sous la forme d’un contrat de partenariats[1]) : Au travers de cette activité, STEP propose des formations présentielles gratuites et certifiantes aux métiers techniques du numérique en forte tension, et ce en priorité aux jeunes peu ou pas diplômés, aux demandeurs d’emploi ou encore aux personnes réfugiées ou en situation de handicap, ainsi qu’aux femmes qui sont insuffisamment représentées dans les métiers techniques du numérique.

-Les Triporteurs Palois (sous la forme d’un contrat de licence de marque[2]) : avec cette activité, STEP offre des services de petite logistique et livraison urbaine de marchandises en vélo cargo à assistance électrique, dans le centre-ville de Pau, sur le dernier kilomètre.

-La Conciergerie Solidaire (sous la forme d’un projet de convention d’affiliation[3]) : ici, il s’agit de proposer aux collaborateurs des entreprises des services sur leur lieu de travail pour leur faciliter la vie : pressing, repassage, livraison de paniers de légumes, commande de repas, cordonnerie, nettoyage et convoyage des véhicules….

L’essaimage, un modèle à exploiter

Kenny Bertonazzi dresse un bilan positif du mode de développement qu’est l’essaimage.

Tout d’abord, il permet de démultiplier l’impact d’innovations qui ont déjà fait leurs preuves et qui ont le potentiel de se développer sur le territoire national. Au niveau des structures qui adoptent ces modèles, l’essaimage permet de pouvoir s’appuyer sur des modèles et méthodologies déjà éprouvées, des écosystèmes déjà existants. Un important travail d’appropriation, d’adaptation au contexte local reste évidemment à réaliser et est non négligeable. Il ne s’agit pas d’un simple copier-coller !

Un des autres intérêts principaux de l’essaimage vient du fait de pouvoir intégrer un collectif. Loin de l’entrepreneuriat solitaire, celui-ci permet de bénéficier de l’expérience des autres membres et de réfléchir ensemble, mais aussi de donner un rayonnement national à la marque et ainsi un poids intéressant en matière de négociation commerciale, d’achats et de plaidoyer.

Pourquoi l’essaimage est encore trop peu développé ?

Selon Kenny Bertonazzi, le concept d’essaimage est parfois trop peu connu dans l’IAE et son potentiel encore assez peu exploité. Bien des modèles qui fonctionnent déjà dans les territoires pourraient être étudiés et dupliqués, pour démultiplier leur impact.

Plusieurs facteurs peuvent être identifiés. Tout d’abord, les retours d’expérience sur ce concept sont encore peu répandus. Un effort de conceptualisation, d’appui méthodologique, de clarification des modalités juridiques pourrait aider au déploiement de l’essaimage.  Au niveau des réseaux de l’IAE, le travail en filière qui se développe actuellement pourra permettre de faire naître les collaborations et encourager les essaimages.

De plus, loin d’une logique de compétition, l’essaimage s’appuie sur une dimension coopérative bâtie sur la conviction qu’il y a un intérêt supérieur à développer un projet à plusieurs plutôt que le créer seul. Bien que ces notions se répandent largement ces dernières années, elles peuvent demander un effort pour s’extraire de conceptions traditionnelles de l’entrepreneuriat.

Enfin, même si l’Avise par exemple propose un programme dédié, le directeur de Step note qu’il existe peu de dispositifs de financements dédiés et d’appui au transfert de compétences.

Quels sont les FCS des collaborations de ce type ?

Kenny Bertonazzi identifie plusieurs facteurs clés de succès pour réussir à essaimer :Une personne en interne doit être référente afin de s’approprier complétement le sujet et avoir suffisamment de temps dédié à celui-ci. Il est notamment important d’avoir la disponibilité nécessaire pour s’inscrire dans le collectif.

-Une personne en interne doit être référente afin de s’approprier complétement le sujet et avoir suffisamment de temps dédié à celui-ci. Il est notamment important d’avoir la disponibilité nécessaire pour s’inscrire dans le collectif.

-Ce temps dédié doit permettre de tisser des relations de confiance avec la structure qui essaime. Pour un engagement serein, des outils de séparation doivent être prévus dès l’origine.

-Comme tout projet d’innovation, il faut correctement l’avoir préparé en amont pour déterminer l’impact sur l’organisation et sur les équipes en place. Ces aspects doivent être impérativement anticipés et un temps suffisant d’appropriation et d’adaptation doit être prévu.

-La structure doit se donner les moyens de la croissance de l’activité. Il faut penser l’essaimage comme un véritable projet développé en interne ; certains éléments peuvent être facilités, mais l’entreprise essaimeuse sera aux mêmes problématiques que tout développement de projet : montée en puissance, financement, tensions en fonds de roulement, etc.).

Quelle sera la suite pour STEP ?

Kenny Bertonazzi est convaincu de tout l’intérêt de l’innovation par essaimage, même si la crise sanitaire a compliqué leur mise en place dans sa structure. En effet, les Triporteurs Palois et la Conciergerie Solidaire, ont été lancé durant cette période, ce qui a largement freiné leur montée en puissance. Forts de ces expériences, les équipes de STEP s’appuient sur des connaissances maîtrisées et visent désormais à assurer la continuité des projets et à en développer de nouveaux.

De belles perspectives et des modèles d’essaimage inspirants, qui devraient continuer à s’implanter dans les années à venir !

Un grand merci à Kenny Bertonazzi pour le temps accordé et sa disponibilité.

L’équipe SocialCOBizz

www.socialcobizz.com

[1] Contrat de partenariats : ici, il s’agit d’une relation partenariale plus classique, par laquelle deux ou plusieurs partenaires s’associent en vue de réaliser un objectif commun

[2] Contrat de licence de marque : Accord par lequel le titulaire d’une marque autorise une autre personne à utiliser cette marque moyennant le versement de redevances proportionnelles à l’exploitation.

[3] Convention d’affiliation : Contrat conclu entre une tête de réseau et un distributeur et par lequel la tête de réseau fait bénéficier au distributeur des signes distinctifs et des infrastructures du réseau, en contrepartie d’engagements de la part de l’affilié, notamment quant au respect du concept du réseau.

Recent Posts
Contact us

You can send us an email and we'll get back to you, asap. Thanks !!! SocialCOBizz team