Qu’est-ce qu’un social impact business model ? Comment pérenniser l’activité économique tout en garantissant la mise en oeuvre d’une mission sociale de qualité ? A quels défis les entreprises sociales sont-elles confrontées ? Comment accompagner leur croissance ? Voici quelques questions éclairées par l’action tank Without Model.

 

Alimenter la réflexion, nourrir l’écosystème

Parmi toutes les problématiques auxquelles sont confrontés les entreprises sociales et social businesses, la réalisation d’un modèle économique viable est une clé du passage à l’échelle et il n’existe pas encore de synthèse sur ce sujet. Without Model souhaite ainsi combler ce manque relatif pour alimenter la réflexion des porteurs de projets, des entreprises et des institutions. Le but est également de nourrir l’écosystème de l’entrepreneuriat social en faisant rayonner ses acteurs, qu’il s’agisse des projets, des intrapreneurs, des grandes entreprises, des chercheurs, des acteurs publics ou des structures d’accompagnement ou analyse.

Pour lancer ce mouvement, SocialCOBizz s’est joint à Without Model qui a également réuni l’Avise, Auxilia Conseil, Up Conférences, Chronos et de nombreux autres, à l’occasion d’un Open dej’ le 27 janvier dernier. L’occasion de présenter notre tout début de réflexion et d’échanger déjà avec quelques acteurs de l’écosystème. Au programme de nos actions : des interviews, des articles, des ateliers, des conférences… bref, de quoi stimuler les réflexions et actions de chacun !

 

Focus sur le modèle de JVS

Parmi les modèles qui intéressent ce collectif, le modèle de Joint-Venture Sociale tient une place particulière. Cela est dû à son caractère innovant : il dispose de la capacité de réunir des acteurs différents (entreprises « classiques » et entreprises sociales) autour d’objectifs économiques et sociaux communs, par exemple  dans l’insertion par l’activité économique.

Louis-David Benyayer, fondateur de Without Model et coordinateur de cette recherche sur les Social Impact Business Model, a notamment interviewé Thibaut Guilluy (DG d’Ares) et Vincent Fauvet (président exécutif de la société d’investissement et d’accompagnement social Investir &+), tous deux co-fondateurs de SocialCOBizz. Ces derniers parlent de leur vision de ces Social Impact Business Models, des transformations qu’ils identifient et resituent le modèle de JVS dans cet ensemble.

 

De nouveaux partenariats avec les entreprises classiques

Parmi les évolutions que constate Vincent Fauvet, la première est « une évolution dans le profil des entrepreneurs à impact social. La première vague a été constituée de nouveaux projets qui étaient développés par de jeunes entrepreneurs. Ensuite, d’autres acteurs sont apparus. Les entreprises classiques, c’est-à-dire celles qui ne s’établissent pas pour résoudre une problématique sociale, ont commencé à lancer des initiatives à impact social. Ces initiatives s’incarnent parfois par de l’intrapreneuriat ou par la création d’entités en partenariat avec des acteurs sociaux, c’est les cas des joint-ventures sociales. Egalement, nous voyons de plus en plus d’associations qui cherchent à renforcer leur modèle et l’hybridation par une structure ou des activités commerciales constitue une réponse. Nous travaillons avec ces trois types d’acteurs : des entrepreneurs, des entreprises établies et des associations. »

 

S’associer avec des acteurs de référence pour plus d’efficacité

Quant à Thibaut Guilluy, il revient sur l’expérience de co-création de la JVS Log’Ins (que nous vous présentions dans un article dédié) afin de donner un exemple de motivation derrière ce genre de co-création. Il explique qu’ « au départ, nous avions envisagé de créer cette structure seul, sans partenaire. Quand l’équipe a présenté ce développement au conseil d’administration, les administrateurs ont soutenu l’idée du projet et ont demandé pour prendre leur décision d’être rassuré sur le risque d’exécution. Nous n’avions pas de compétence forte en logistique et nous sortions d’une expérience difficile avec une acquisition d’entreprise qui s’était mal passée, en partie car nous n’étions pas suffisamment expert dans son activité. Un partenariat avec un acteur de la logistique était donc un moyen pour bénéficier d’une compétence en logistique et donc réduire le risque. […] Au-delà de cet exemple, l’intérêt pour une entreprise d’insertion de s’associer avec un expert d’un métier est très fort car le partenaire apporte une expertise métier qui diminue le risque opérationnel. Les entreprises d’insertion sont spécialistes de l’insertion, pas nécessairement des activités des entreprises qu’elles créent pour leurs salariés.  S’associer à un professionnel du secteur est un avantage certain pour avoir le bon niveau de professionnalisme et d’efficacité économique. »

 

« Faire bouger les lignes »

L’impact de ce genre de modèle est multiple. En plus d’être mesurable quantitativement, l’impact peut aussi « [relever] de l’innovation et du plaidoyer. Nous souhaitons par certaines de nos initiatives créer de nouvelles formes  d’entreprises. C’est le cas par exemple avec Log’Ins. Les entreprises adaptées (qui emploient des personnes en situation de handicap) apportent une réponse qui nous semble partielle car elles ne permettent pas à ces salariés de rejoindre ensuite des entreprises classiques. Nous avons créé Log’Ins pour permettre à nos salariés de rejoindre ensuite n’importe quelle entreprise, nous avons ainsi créé le modèle de l’entreprise adaptée d’insertion. Notre but ici n’est pas quantitatif, nous voulons faire bouger les lignes. Une autre illustration est notre projet d’entreprise d’insertion dans les prisons pour favoriser l’emploi des détenus lorsqu’ils ont purgé leur peine. »

Plus plus d’information, rendez-vous sur le site du think tank Without Model pour lire les interview complètes de Thibaut Guilluy et Vincent Fauvet, et bien plus encore : Interview de Thibaut Guilluy, Interview de Vincent Fauvet, Site web de Without Model

L’équipe SocialCOBizz